Alexandre Baril est doctorant en philosophie à l’UQAM, chargé de cours à l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF). Il s’intéresse à l’œuvre de Judith Butler, aux théories féministes, du genre, queers et trans. Il est l’auteur d’articles sur Butler, sur le féminisme postmoderne et sur les transidentités. Il est notamment membre militant de PolitiQ-queers solidaires et de l’ATQ.
Judith Butler au banc des accusé-es : les trans ont-ils raison de s’inquiéter de la performativité du genre?
Les auteur-es dans le champ des études trans, depuis le début des années 1990, ont répondu à de nombreuses critiques formulées à l’égard de la transsexualité, notamment par certains mouvements sociaux tels le féminisme et le mouvement queer. L’une de ces critiques consistait à affirmer que la transsexualité reconduisait certaines formes d’oppression, notamment hétérosexiste. La transsexualité, ainsi reléguée dans une sphère apolitique, voire dans une position régressive et essentialiste, était jugée à l’aulne d’un référent identitaire politisé qui se voulait fluide et déconstructif à l’égard des catégories dominantes de sexe et de genre et de leur alignement traditionnel. Ces critiques de la transsexualité, influencées entre autres choses par les théories de la performativité du genre initiées par Judith Butler, ont été dénoncées et délégitimées par des transactivistes souhaitant offrir une vision alternative de leur positionnement identitaire. Rapidement, des auteures comme Judith Halberstam et Judith Butler ont été mises au banc des accusé-es. Cette présentation s’interroge afin de savoir si les personnes trans ont raison de s’inquiéter de la performativité du genre et des critiques potentielles qu’elle peut avoir quant à la transsexualité et des propos de Butler quant aux transidentités.
Marie-Hélène Bourcier est activiste et théoricienne queer. Elle enseigne à l’université de Lille III et dirige le séminaire F*Mybrain à L’Ehess de Paris et au Palais de Tokyo.
http://fmybrain.org/
Elle est l’auteur de nombreux ouvrages et articles sur les minorités sexuelles et de genre dont la série des Queer Zones dont le troisième volume paraîtra en 2010.
Queer and Trans : alliés ou faux amis ?
Le féminisme et la théorie queer de la première vague sont des technologies de genre qui concernent les personnes transsexuelles et les personnes transgenres. La première (Trouble dans le genre) mais aussi la seconde Butler (Défaire le genre) font l’objet de sévères critiques de la part des transcholars mais aussi des activistes trans’. Cette théorie queer s’est vue accusée d’être décorporalisant et inciter aux politiques de la vulnérabilité. Les trans’ rejettent également la théorie queer et le féminisme queer états-unien des années 90 qui ont imposé « le fardeau de la subversion » aux masculinités trans’. Qu’en est-il de ces tensions entre « queer » et « trans » ? Sont-elles toujours d’actualité compte tenu du renouvellement des théories et des pratiques queer ? Peut-on envisager des alliances théoriques et productives entre les transidentités, leurs cultures, leurs agendas politiques et les études et les politiques queer d’aujourd’hui ?